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  • Photo du rédacteurOlga Aleksandrova

Le théâtre et la censure

Le résumé de la conférence sur le censure dans le théâtre organisée par le Festival Golden Mask Moscou dans le cadre du programme Russian Case.

Finist-Clair-Faucon, Zhenya Berkovich, The Soso Daughters, Moscou

Marina Davydova, directrice artistique du Russian Case, et trois metteurs en scène avec le parcours différent ont animé la discussion : Timofeï Kuliabin (metteur en scène et le directeur artistique du théâtre « La Torche rouge » à Novossibirsk), Alvis Hermanis (metteur en scène de GORBACHEV et directeur artistique du Nouveau Théâtre de Riga en Lettonie) et Zhenya Berkovich (metteure en scène de FINIST THE BRAVE FALCON et directrice artistique de la compagnie « The Soso Daughters »). Trois générations – trois approches sur ce qui est le théâtre et la censure. La discussion s’est déroulée en deux axes : la Russie et le monde occidental. Zhenya Berkovich qui n’a pas pu encore voyager avec sa compagnie fondée 2018, a partagé son expérience quand lui on refusait en un reportage complet sur son nouveau spectacle FINIST-CLAIR-FAUCON. Le spectacle touche le sujet délicat : l’islam et le terrorisme. Pour Zhenia, le théâtre est une plateforme d’expression et de dialogue en même temps. Le spectateur a le droit pour se vexer et réagir, son théâtre est ouvert à débattre : « Si tu avances des propos, tu dois être prêt à les défendre, et non seulement sur le plateau ». Alvis Hermanis, quant à lui, a fait découvrir un fait peu connu de sa biographie : à l’époque soviétique, il a été enfermé à un hôpital psychiatrique pour ses opinions pacifistes et son refus de rejoindre l’armée en Afganistan. Ensuite, la censure l’a frappé de plein fouet en Allemagne. En 2015, il a exprimé son désaccord avec le Théâtre Thalis pour l’accueil des réfugiés dans le théâtre. « L'enthousiasme des Allemands à accueillir les réfugiés met en danger toute l'Europe », regrette-t-il en voulant briser le « tabou » du lien entre politique migratoire et terrorisme. (Le Figaro) Pensant le théâtre comme une plateforme de la liberté d’expression, en dehors de la politique, il a été étonné d’être banni de la scène européenne devenant à son avis trop à gauche et prenant parti. Cela a amené au sujet suivant de ce qui est la fonction du théâtre aujourd’hui. Est-ce que c’est une tribune qui communique dans un seul sens, un lieu de tendances sociales ou un lieu de dialogue ? En l’occurrence, Alvis est devenu une victime de « cancel culture », alors que peut-être tout simplement ses propos ont paru beaucoup plus osés par rapport à l’actualité.

 

Il est évident que le monde change et, peut-être si vite que le monde de la culture n’arrive pas encore à suivre. La société exige aujourd’hui l’intégrité de la personne : « Tu es ce que tu représentes et ce que tu déclares comme valeurs ». Non seulement les théâtres déclarent de plus en plus leur position politique ou sociale, mais le business aussi et les institutions publiques. C’est un processus global.

Les Observateurs, Mihhail Plutahhin, Musée de l'histoire du Goulag et le Théâtre d'objets, Moscou

 

Enfin, Timofeï Kouliabine est devenu célèbre notamment grâce à sa mise en scène « Tannhäuser » à l’Opéra de Novossibirsk. Dans la version de Timofeï Kouliabine, Jésus-Christ devient le personnage d’un film érotique tourné par le chevalier Tannhäuser. La communauté religieuse russe a saisi la justice et obtenu gain de cause. Le spectacle a été interdit. Une autre fois, en Europe une spectatrice l’accuse pour son attitude raciste, car une femme métisse a joué un rôle d’une domestique dans son spectacle. Est-ce tout cela est une exagération des gens offensés par les éléments du spectacle ? Quelle position prendre ? Faut-il engager une discussion avec les personnes qui se sont offensées ? Fait-il se remettre en question ou se dire que les spectateurs n’ont pas compris l’intention du metteur en scène ? Il n’y a pas de l’unité dans la communauté théâtrale pour répondre à cette question.

 

Il est nécessaire de prendre en compte le contexte historique et l’actualité. La censure aujourd’hui n’est pas imposée par les états, en tout cas directement, mais par la société elle-même. Une simple ignorance, un propos maladroit ou une erreur historique peuvent se transformer en un scandale de la société. Alors, l’autocensure doit-elle exister ? Il y a deux cas de figure : l’autocensure par peur devant les autorités ou l’autocensure par peur de ne pas être compris. La censure peut être également une suite d’une provocation intentionnée afin d’obtenir une couverture média importante, et par la suite un succès commercial. Dans ce cas, l’interdiction du spectacle déclenche le mécanisme de la médiatisation de l’artiste. Le contenu artistique devient moins important que le nom de la personnalité à scandale à l’affiche. La censure est peut-être aujourd’hui l'une des notions les plus complexes dans la culture.



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